Comment j’ai découvert ATD… Ou comment le Seigneur m’a préparée 😉, puis soutenue ?
Dans les rues d’Annecy, il y a une quinzaine d’années, avec mon mari, nous avons été sensibilisés par 2 jeunes volontaires d’ATD.
Ils nous expliquent comment ce mouvement veut rendre « acteurs » les personnes dans la pauvreté, en aucun cas décider pour elles.
Dès lors, mon soutien financier et la lecture du journal ATD seront des liens ténus mais fidèles. Une préparation en douceur durant quelques années.
En 2019, quittant le collège pour être en retraite, je change de région avec mon mari.
Nous arrivons dans le Sud de l’Isère et, par le biais de la montagne et de la grimpe, je rencontre Bruno, animateur du groupe ATD de La Mure. Il cherche à ne plus être seul !
Cela me donne du goût, je me réjouis de ce premier contact associatif.
Je patienterai 6 mois …
Une manière de goûter déjà à la pédagogie d’ATD !
Bruno a attendu d’avoir l’accord de l’ensemble du groupe local, une dizaine de personnes, pour m’inviter à les rejoindre cet automne 2021.
La pédagogie que j’y ai vécu, m’a enchantée…
Bruno, ancien permanent d’ATD, m’a permis de goûter à la démarche du mouvement durant toute une année :
* J’y ai découvert un cadre très paisible et rassurant pour chaque participant, permettant la confiance : nous sommes là pour réfléchir et construire notre pensée. Ensemble, nous allons jusqu’à chercher des idées, faire des propositions, pour repousser la pauvreté, ne pas se contenter de la misère. Cet objectif est clairement connu de chacun.
* Un lieu de parole, pour des gens facilement repliés, avec leur pauvreté.
Une aide certaine qui aide à sortir de l’isolement et à oser dire.
* Chacun est responsable de garder la porte ouverte, encouragé à inviter de nouvelles personnes.
Cela est rappelé très facilement, et pas besoin de prévenir. Quelle facilité !
* D’autres règles sont aisément vécues, telles que « réfléchir en silence total 2 ou 3 mn » dès qu’une nouvelle question est abordée.
* « S’écouter sans couper la parole, ne pas se juger ou se moquer, respecter chacun ».
* « La parole est donnée à tour de rôle », dans un premier tour des réflexions, mais en plus, la priorité de parole est donnée à ceux qui sont le moins à l’aise.
Et si l’un d’eux n’arrive pas à s’exprimer, la parole lui sera redonné, il ne sera pas oublié. Et son silence sera accueilli avec bienveillance.
Le temps, la durée, l’attente pour s’exprimer n’est pas un souci. Les participants (qui écoutent) sont attentifs et je crois même qu’ils communient profondément avec la personne qui tente de formuler sa pensée. Eux-mêmes l’ont souvent vécu à leur arrivée. (Humilité et rayonnement de ces étapes traversées ensemble !)
* J’ai appris aussi, lors de mes enregistrements et prises de notes, à respecter attentivement les mots choisis par chacun, ne pas interpréter ni influencer.
* Au bout de 15 mois, Bruno m’a transmis l’animation du groupe du jour au lendemain, suite à son arrêt cardiaque.
Et comme la pédagogie était déjà ancrée, comprise et vécue, le groupe a pu poursuivre sans rupture.
De nouvelles personnes ont même été invitées deux mois après le décès de Bruno, quatre mois après, …
Mon engagement concret
J’anime le groupe local, une dizaine de personnes, à travers deux rencontres de 2h, sur le sujet proposé par la région.
Puis nous convergeons à Lyon, pour partager notre réflexion avec tous les groupes de la région, 50, 70 personnes… Ce sont des journées baptisées « Université Populaires ».
Des sujets très divers sont possibles, tels que les droits, l’accompagnement, la santé, le changement climatique et son impact sur les pauvres, la maltraitance institutionnelle…
Depuis deux étés, nous avons fait une expérience de potager, pour apporter des légumes à une association locale, avec production de tomates, courges. Nos forces sont très modestes, en effet les handicaps de santé ou de motivation sont réels.
Le lien fraternel, les nombreux appels au téléphone, les anniversaires de chacun, une visite culturelle, … toute la vie du groupe se tisse au long de l’année, fidèlement.
Je ne vous raconterai pas tout aujourd’hui.
Cependant voilà quelques cadeaux reçus avec ma communauté locale CVX :
– D’abord, les compagnons m’ont renvoyé plusieurs fois, que mes contacts avec les personnes d’ATD me donnaient beaucoup de joie !
– Ensuite, nous avons reconnu ensemble les missions de chacun, avec le Christ présent.
Dans mon engagement à ATD, je me sens ainsi envoyée et soutenue par l’équipe.
Je leur dépose ce qui est lourd et leur partage les joies.
La CL est le lieu qui me (nous) permet de vérifier la justesse de ma participation à ATD. Aujourd’hui j’y suis appelée. Demain, nous verrons bien …
Et quelques beaux légumes récoltés dans mon jardin intérieur ?
– La « communion des saints », vécue avec Bruno, dès son départ en montagne, une plénitude.
– Le Seigneur se sert de mes diverses expériences antérieures, associatives, responsabilités, … pour un service auprès de personnes fragiles, ses préférées ! Un petit sommet que l’on gravi ensemble.
– Je craignais d’être seule dans cette animation du groupe. Mais le Seigneur me permet de m’appuyer sur la prière de la femme de Bruno, et sur le suivi d’une animatrice régionale ATD, ô surprise, en CVX elle-même.
– Les personnes d’ATD m’entraînent à être disponible, dans l’instant, avec une relation qui s’invente ensemble. Et à ne pas trop en faire. A demander souvent la confiance et la paix à l’Esprit Saint.
– Elles m’accueillent dans leur simplicité, avec leur haut et leur bas.
Et j’apprends aussi à aimer mes propres limites, mon vieillissement.
– Mais avant tout, je reçois un lieu de fraternité étonnant, tendre, joyeux, souffrant et grand demandeur d’écoute.
– Des relations faites pour rendre grâce. Un grand merci à nos frères « petits » et à notre Seigneur présent, même si tous ne le connaissent pas.
Catherine G., en CVX sur l’Isère