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Le billet de notre assistant régional par Jean-Yves

Vivre en incertitude

Nous aimons programmer nos journées, planifier nos projets, et assurément il est très utile de le faire pour mener des actions efficaces et se coordonner avec d’autres dans ces actions. Mais voilà qu’à nouveau, cet automne, la crise du coronavirus bouscule nos prévisions et nous plonge dans l’incertitude : nous perdons nos repères…

Dans ce contexte de crise, l’expérience d’Ignace de Loyola peut nous inspirer, car non seulement il a traversé lui-même une série de crises, mais il a établi le vécu personnel – et la relecture qui en est faite – comme un lieu de découverte de Dieu et comme un guide pour sa propre vie.

Dans nos vies, la crise n’est pas une exception. La vie humaine est une suite de situations face auxquelles nous devons discerner, au cœur même de l’incertitude. Ainsi, l’incertitude n’est pas tant un problème qu’une condition pour pouvoir, sans préjugés, écouter le désir de Dieu et le nôtre.

Cependant l’expérience de l’incertitude n’est pas confortable. C’est pourquoi nous avons tendance, spontanément, à souhaiter y mettre fin le plus tôt possible. Le discernement ignatien exige donc de nous un peu de rigueur spirituelle : d’abord  que nous prenions du temps, or le courage de la patience n’est pas ce qui nous est  le plus familier ; et aussi que nous examinions l’hypothèse « d’aller contre » ce que nous serions tentés de faire spontanément. Concrètement, cela signifie par exemple éviter de se laisser guider par ce que la peur inspire, comme solution apparemment évidente pour sortir rapidement de la crise.

Et l’outil qu’Ignace recommande plus particulièrement en ces périodes est la relecture du vécu quotidien, concret et souvent banal. Bien entendu, pour nous, en CVX, ce n’est pas un scoop ! Mais attention, car spontanément, surtout en période de crise, nous risquons de diriger notre attention vers ce qui a été plus difficile, ce qui a rendu anxieux ou triste. Ignace demande  de faire exactement le contraire. Le plus important est de considérer d’abord et avec davantage d’attention ce pour quoi nous souhaitons remercier Dieu : ce qui s’est bien passé, ce qui nous a fait du bien, nous a apporté de la joie ou de l’espoir, aussi petit voire insignifiant que cela puisse paraitre. C’est là que le sol est solide sous nos pieds, c’est dans cette proximité-là que Dieu est présent.

Nous serons alors en mesure de répondre, personnellement et en communauté, à la question que pose Marion Muller-Collard : « Dans l’incertitude, est-ce que je vois une promesse ou une menace ? ».

Bien fraternellement,

Jean-Yves