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Sur les pas de celui qui allait devenir le Pape François – Episode 5

Sur les pas de celui qui allait devenir le Pape François : entendre le cri de la Terre – Episode 5

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  • En Amérique latine

Lors de la conférence de l’épiscopat latino-américain d’Aparecida (2007), revient fortement la question de la responsabilité de l’Église envers l’Amazonie. C’est là qu’a surgi l’idée de former un réseau pour rassembler toutes les réalités ecclésiales de l’Amazonie.

En 2013, le Pape François, lors de sa rencontre avec les évêques du Brésil durant les JMJ de Rio, a rappelé que l’Amazonie est un «test» décisif pour l’Église, en ces temps où se décide le futur de cette région « poumon de la planète pleine de biodiversité », comme le bassin du fleuve Congo en Afrique. En septembre 2014 le « REPAM » (Réseau Ecclésial Pan AMazonien) est fondé officiellement à Brasilia avec pour objectif la défense des Peuples et de la Terre en Amazonie, au-delà des frontières nationales. Il est constitué de toutes les organisations ecclésiales (Conférences épiscopales des pays concernés et ONG liées à l’Église). Son Président est actuellement le Cardinal Humes, archevêque émérite de Sào Paolo (Brésil), qui a aussi représenté le Vatican à la COP 21 à Paris. Son secrétaire exécutif est Mauricio Lopez…actuellement aussi président de la CVX mondiale.

Les grands axes du REPAM révèlent une réalité de communion, de solidarité et de fraternité, dans le respect des pluralités (ex: travail avec les peuples indigènes en isolement volontaire)  et l’identification de ce qui est commun. L’encyclique « Laudato Si’ » a été pour ses membres « comme une charte de fondation » car elle met en exergue à la fois la défense des droits humains et l’attention à la Création.

Laudato

  • L’encyclique Laudato Si

« Je m’appellerai François ».

François d’Assise, l’homme de la pauvreté, l’homme de paix, l’homme qui aime et prend soin de la création » (cf A. Ivereigh).

Publiée en 2015, cette encyclique qui évoque François d’Assise est devenue un texte de référence pour beaucoup, y compris auprès de personnes éloignées de l’Eglise catholique.

Il a sans doute fallu un pape « venu du bout du monde » pour penser autrement notre rapport à la planète et valider sans crainte ce qui s’ébauchait, souvent de manière très intellectuelle et européenne, dans la réflexion de ses prédécesseurs. Ainsi, par exemple…le pape François n’a aucun mal à utiliser l’expression Terra Madre (Terre-Mère) pour parler du lien à la planète… En assumant cette expression populaire…le pape assume le fait que sa théologie est aussi nourrie de l’expérience du bon sens populaire…nous avons tous à apprendre de ce respect religieux pour la terre que les cultures locales sud-américaines ont toutes gardé au cœur. (D.Lang-  » Le bon sens de la Terre »- Journée Amérique latine- CEF 23 mars 2018).

Un combat pour la terre

Lire Laudato Si’ aide à mieux comprendre le choix du pape François et ce qui le mobilise dans son combat pour la sauvegarde de notre Terre, la « maison commune » (le climat, l’eau, la biodiversité, la qualité de la vie humaine, le respect des humbles…).

François cite « des pays qui ont progressé dans la préservation efficace de certains lieux et de certaines zones – sur terre et dans les océans … » (n° 37 – 38). Mentionnant les efforts, il dénonce aussi les propositions qui servent des intérêts économiques des corporations transnationales » et la

« culture du déchet » (n°22). On retrouve ici des éléments du document d’Aparecida – juin 2007 (n°86).

Combattre les inégalités

Plus loin, François relève l’inégalité planétaire et insiste sur le lien entre l’environnement humain et l’environnement naturel « qui se dégradent ensemble » (n° 48). La situation des personnes exclues est loin d’être claire pour tous, il dénonce le fait que certains les considèrent comme « pur dommage collatéral » alors que ces personnes représentent la majeure partie de la planète:

« Mais aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres »(n°49).

Le constat posé, il propose des solutions concernant la dette extérieure des pays pauvres et la dette écologique (n°52).

Dieu Père au premier plan

Dans le chapitre 2, Évangile de la Création, François rappelle que Dieu est au cœur de la création et parcourt la Bible, de la Genèse aux prophètes, en passant par les Psaumes (n° 71,72,73). Il insiste sur la nécessité d’une spiritualité qui propose la figure d’un Père créateur et unique maitre du monde (n°75). Cette relation avec le Père induit un changement de la relation entre humains, et même avec les autres êtres de la nature (n°91). Il appelle à se tourner vers Jésus, à regarder comment tout au long de sa vie terrestre il a aidé les disciples à changer de regard, et à convertir leur cœur (n°96 à 100).

Agir maintenant

Insistant dans le chapitre 3 sur la racine humaine de la crise écologique, dont l’anthropocentrisme et la culture du relativisme, il développe dans le chapitre 4 l’ »écologie intégrale ». Il revient à la situation actuelle et assure que « Tout est lié »: toutes les actions humaines sont en fait des interactions qui obligent à prendre conscience de la complexité de la situation. (n° 137 – 138). François appelle les chrétiens à être cohérents et demande « une conversion écologique« pour laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure (n°217).

Ces lignes donnent à repenser sans cesse nos comportements dans leur globalité, pour être de véritables « disciples missionnaires de Jésus-Christ pour que nos peuples aient en LUI la vie en plénitude » (Jean 14-6).

  • Un synode pour l’Amazonie en 2019: « Nouveaux chemins pour l’Eglise et pour une écologie intégrale », une expérience pour l’Eglise universelle et pour le monde.

Dès son élection à la tête de l’Église, François aurait manifesté à Mgr Hummes sa préoccupation pour l’Amazonie. Il a signalé  l’urgence d’un changement de modèle: « Nous devons rompre avec le paradigme historique qui considère l’Amazonie comme une réserve inépuisable des États sans prendre en compte ses populations ».

L’Amazonie devient comme l’illustration du nouveau paradigme de Laudato Si’ : la coïncidence de la préoccupation sociale avec la préoccupation écologique.

Le 19 janvier 2018, le Pape a convoqué les travaux préparatoires du Synode qui concerne les  différents pays formant la région amazonienne : le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Venezuela, les Guyanes française, anglaise et le Surinam…mais aussi l’Eglise universelle!

Les thèmes en seront :

– l’évangélisation dans et à partir du territoire de l’Amazonie,

– un regard spécifique sur les peuples et communautés de l’Amazonie,

– l’écologie intégrale (soin de la création dans ce territoire vu son importance pour la planète).

« Le synode sera un temps spécial de communion, de contemplation, de dialogue et de discernement, une opportunité pour repenser notre relation avec les peuples indigènes et donc de nouveaux chemins d’action pastorale, et pour le dialogue inter-culturel et inter-religieux, pour écouter et pouvoir élargir notre propre perception et compréhension du Sacré. »

(Luis Ventura « Contribution des peuples indigènes à la préservation de la planète »– journée Amérique latine- CEF 23 mars 2018)                                      

« Faire de l’Amazonie un lieu paradigmatique est une bonne nouvelle pour la pastorale, l’ecclésiologie et la théologie des communautés chrétiennes… En ce sens, la reconnaissance et la validation du «visage amazonien » de l’Église pourrait bien être le grand enjeu pastoral du siècle à venir. »

(Dominique Lang- « Le bon sens de la Terre »- Journée Amérique latine- CEF 23 mars 2018).

Lors de sa rencontre en janvier 2018 avec les peuples d’Amazonie- y compris de populations des Andes- à Puerto Maldonado (Pérou), François a commencé par le cantique de François d’Assise:

« Loué sois-tu, mon Seigneur…pour cette œuvre merveilleuse de tes peuples amazoniens et pour toute la biodiversité que ces terres renferment. »

Rappelant que les peuples autochtones n’ont probablement jamais été aussi menacés, il a appelé à des  » instances institutionnelles de respect, de reconnaissance et de dialogue » et à une culture de la rencontre.

« Le Christ s’est incarné aussi dans une culture, la culture juive, et à partir d’elle, il s’est offert à nous comme nouveauté pour tous les peuples, de façon que chacun, à partir de son identité, se retrouve personnellement en lui…Chaque culture et chaque cosmovision qui reçoivent l’Evangile enrichissent l’Eglise par la perception d’une nouvelle facette du visage du Christ…

Aidez vos évêques, vos missionnaires, afin qu’ils se fassent l’un d’entre vous, et ainsi, en dialoguant ensemble, vous pourrez façonner une Eglise avec un visage amazonien et une Eglise avec un visage indigène. C’est dans cet esprit que j’ai convoqué un Synode pour l’Amazonie pour l’année 2019. »

☞ Lire la Prière pour notre terre, rédigée par le Pape François, cette prière conclut l’Encyclique Laudato Si’

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