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Sur les pas de celui qui allait devenir le Pape François – Episode 3

Sur les pas de celui qui allait devenir le Pape François : discerner sa vocation pour le service de Dieu, de l’Eglise et du monde – Episode 3

« Sortons, sortons »… pour aller rencontrer l’autre, les autres aux périphéries humaines… allons leur dire qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu, ainsi nous appelle le Pape François dès le début de son pontificat, nourri de son expérience humaine et pastorale.

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L’appel : il a 17 ans, le jour de la saint Matthieu, lors d’une confession à l’église Saint José proche du domicile et paroisse des Bergoglio, il vit une expérience spirituelle forte où il perçoit les signes de sa vocation. Il dira: «Ce fut la surprise, la stupeur d’une rencontre. J’ai compris qu’on m’attendait…A partir de là, pour moi, Dieu a été celui qui m’a trouvé « en premier ». Je Le cherche, mais Lui aussi me cherche». Il ajoute que l’éveil de sa vocation religieuse fut aussi « le ton miséricordieux  » avec lequel Dieu l’a interpellé.

Le couvent des sœurs de la Miséricorde, qu’il fréquente dès le plus jeune âge, a beaucoup compté pour lui. Il y rencontre Soeur Dolorès qui le prépare à la première communion. La devise qu’il choisira comme évêque « Miserando atque eligendo » que l’on peut traduire par « Il le regarda avec les yeux de la Miséricorde et le choisit » est en lien avec l’Evangile de l’appel de Matthieu. Il crée même un néologisme: « Laissez-vous miséricordier. »

La Miséricorde est devenue source d’inspiration de son ministère: « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père» (« Le visage de la Miséricorde » Bulle/Année sainte de la miséricorde 2015).

A 21 ans, il entre au séminaire de Villa Devoto, tenu par des Jésuites, où sont formés les prêtres du diocèse de Buenos Aires. C’est à cette époque qu’il est atteint d’une pleurésie grave. Confronté à la maladie, à la souffrance il est réconforté par Soeur Dolorès qui l’aide à trouver la paix.

Marqué par l’esprit missionnaire, la discipline, le vœu de pauvreté et la spiritualité des Jésuites, il intègre le noviciat jésuite dans sa deuxième année de séminaire. Les études seront longues (de 1958 à 1971 au Chili, au collège Saint José à San Miguel et à l’université jésuite del Salvador à Buenos Aires, le 3ème an à Alcalà en Espagne). Il approfondit les Exercices Spirituels. De 1964 à 1966, il est professeur de littérature et de psychologie à Santa Fé puis à Buenos Aires.

Dans sa formation il porte une attention importante au discernement spirituel : où Dieu nous appelle-t-il ? Cela aussi bien dans la prière personnelle que dans les événements de la journée.

Il est ordonné prêtre le 13 décembre1969 et fait ses vœux définitifs dans la Compagnie de Jésus le 22 avril 1973.

Pape
Colegio Maximo de San Jose où se tiendra l’Assemblée Mondiale 2018

C’est le temps d’un changement d’époque pour l’Eglise avec l’annonce du Concile Vatican II. Il en tirera un grand enseignement et des références fortes pour son pontificat.

Les ordres religieux vivent un appel à retourner aux sources de leurs fondateurs. C’est un des axes principaux qu’il mettra en œuvre comme Provincial des Jésuites d’Argentine à partir du 31 juillet 1973 durant six années. En pleine turbulence pour les Jésuites en Amérique Latine, il montre une clarté spirituelle intérieure et développe une vision spécifique pour l’avenir de la Compagnie de Jésus.

Ses ressources sont la spiritualité, la théologie catholique, en particulier du Concile Vatican II, et l’histoire de l’Argentine, avec la place qu’y prirent les premiers Jésuites dans la fondation de l’Argentine moderne.

Comme maitre des novices à Villa Barilari à San Miguel il puisera dans le terreau légué par Ignace, promouvant l' »inculturation » (L’inculturation est un terme chrétien utilisé en missiologie pour désigner la manière d’adapter l’annonce de l’Évangile dans une culture donnée; Source) Le discernement spirituel devient pour lui, une seconde nature. La figure de Pierre Favre l’impressionne…

Discerner le bien du mal, et surtout accomplir de grandes choses pour Dieu …« Ad Majorem Dei Gloriam». Faire les petites choses de tous les jours avec un cœur grand ouvert.

Dans leur formation, les novices visitent les pauvres de la région en fin de semaine, vivent des retraites de discernement. Jorge Bergoglio s’inspire du modèle mis en place par le père Hurtado qui l’a beaucoup marqué.

En 1980 il est recteur de la faculté jésuite de théologie et de philosophie de San José de San Miguel (Colegio Maximo) et curé de la paroisse de San José de San Miguel. Il réorganise les études,  la « teologia del pueblo » y a toute sa place et développe les activités avec les novices (création d’une cantine pour quatre cents enfants du quartier dont les familles subissent la crise, création d’une  ferme où il n’hésite pas à « mettre la main à la pâte »).

En mars 1986, éloigné du Colegio Maximo, il part en Allemagne terminer sa thèse. Il revient rapidement en Argentine et sera nommé au Collège Saint Sauveur à Buenos-Aires puis à l’église de la Compagnie à Cordoba, comme directeur spirituel et confesseur.

En mai 1992, à la demande du cardinal Quarracino, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires. Le vicariat de Flores qui est le plus pauvre est confié à Jorge Bergolio : beaucoup de « barrios » (zones urbaines défavorisées », ndlr) avec une population de classe moyenne simple et ouvrière. Il accompagne l’équipe des dix prêtres des bidonvilles.

En juin 1997 il devient archevêque co-adjuteur de Buenos Aires et archevêque en février 1998. Il sera créé cardinal par Jean-Paul II le 21 Février 2001. Il invite les fidèles à ne pas se rendre à Rome pour fêter son cardinalat et à destiner aux pauvres l’argent du voyage.

Il refusera alors d’être élu à la tête de l’épiscopat d’Argentine.

Nourri de toute cette expérience, il est convaincu qu’est venu le moment « d’une Eglise en sortie », comme il le développera devenu Pape:

« L’Eglise en sortie est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent. » (Exhortation apostolique  » La Joie de l’Evangile » n°24 – 2013).

Il appelle à une culture de la rencontre, axée autour du principe que l’autre a beaucoup à nous donner et qu’il peut recevoir quelque chose de nous.

Il nous demande aussi en ce mois de mars 2018 de prier pour que l’Eglise tout entière reconnaisse l’urgence de la formation au discernement spirituel, au niveau personnel et communautaire (cf infra).

« Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus Christ. Je répète ici pour toute l’Eglise ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie sur les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de son enfermement… Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : “Donnez-leur vous-mêmes à manger” (Mc 6,37). » (E.A.  » la Joie de l’Evangile » n°49)

 


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