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Un week-end régional sans eucharistie

Depuis plusieurs mois l’équipe service de la Communauté régionale (ESCR) s’était attelée à la préparation du week-end régional. Mieux organisés en cette deuxième année de mandat nous avions réservé la date dès la rentrée de Septembre, notre week-end régional aura donc lieu début mars 2017.  Lors d’une rencontre de l’ESCR en novembre nous commençons à échafauder des plans, un thème. Cette année ce sera : accueillir. Pourquoi ce thème ? Il nous semblait que cela correspondait à une réalité de notre Communauté régionale : accueillir de nouveaux compagnons lors des reconfigurations de communauté locale, accueillir l’enracinement et son jardin, accueillir des nouveaux compagnons qui rentrent en équipes Découverte ou qui en sortent. Et nous avons décliné ce thème de différentes manières : accueillir de nouvelles formes de prière comme le bibliodrame ou bien la contemplation d’une œuvre d’art, accueillir des témoignages de compagnons de notre Communauté régionale engagés dans des missions d’accueil (travail de la poterie, aumônerie de prison, accueil de migrant) ou bien engagés dans la CVX : soit par leur parole d’engagement, soit par leur service auprès des nouveaux compagnons (chargés d’entretien fraternel, de Parcours Découverte). Bref plein d’idées qui se sont révélées très riches.

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Des fruits reçus – Photo prise lors de la rencontre régionale de la Communauté Bretagne occidentale en mars 2017

Et bien sûr, point culminant de notre week-end, l’eucharistie. Très tôt nous nous étions assurés qu’un de nos prêtres accompagnateur serait présent. Dès novembre l’affaire était calée. Mais voilà, huit jours avant, nous apprenons que Robert avait dû subir une petite intervention chirurgicale et ne serait pas en mesure de célébrer l’eucharistie. Que faire ? Modifier toute l’organisation du week-end pour participer à une eucharistie en paroisse ? Ce qui signifie clairement remettre en cause le travail de plusieurs mois à huit jours de l’évènement. Nous n’avions plus de réunions d’ESCR pour discerner. La semaine précédent notre week-end deux d’entre-nous étions en déplacement professionnel…. Cela nous semblait risqué.  Trouver un prêtre « à tout prix » ? Nos prêtres sont déjà surchargés ….. qui plus est la réalité ecclésiale de Bayonne où se déroulait notre week-end est délicate, le risque étant de nous trouver dans une expression liturgique ne suscitant pas l’adhésion de tous …

Assez rapidement nous avons discerné qu’il fallait maintenir l’agenda du week-end tel que nous l’avions élaboré. Restait donc à déterminer les modalités de notre célébration : célébration de la Parole sans eucharistie ? ou bien avec partage de pain consacré ? Je m’en suis ouvert à un ami prêtre. Le partage de pain consacré sans  messe n’est pas recommandé par certains de nos évêques. Les paroles de Bertrand ont été déterminantes : il me rappelait que c’est le même Christ qui se livre à nous dans sa Parole et dans l’hostie, d’où les deux tables dans l’Eucharistie. Lorsqu’il n’y a pas de messe, mettre en valeur la table de la Parole peut être l’occasion de prendre davantage conscience de sa place dans notre liturgie et jeûner de la communion eucharistique peut aussi permettre de prendre conscience de ce que signifie pour nous cette démarche.

Donc ce sera une Célébration de la Parole sans eucharistie: nous avons alors accueilli le Lectionnaire lors d’une petite procession. Sans eucharistie, mais avec une action de grâce. Nous avions demandé aux groupes de partage réunis durant le week-end de dire quelques mots en fin de célébration: les engagés, ceux qui sont au service de l’accueil, ceux qui pratiquent avec bonheur les Exercices Spirituels, de beaux témoignages, de beaux mercis.

En choisissant  le thème « accueillir » nous étions loin de nous douter que cela irait jusqu’à accueillir une célébration finale de week-end régional sans eucharistie. Etant donné notre réalité ecclésiale française, il est probable que d’autres Communautés régionales seront confrontées à ce genre de discernement.

L’ensemble des compagnons a accueilli ce choix de l’ESCR avec bienveillance, même si cela n’en ôtait pas une certaine frustration et suscita quelques réactions plus vives.

Le manque de temps ne nous avait pas permis de prévenir à l’avance les compagnons, qui ont donc appris cela au début du week-end. Bonne introduction au thème de l’accueil, mais manque de respect de toutes les sensibilités.

Lorsque nous avons relu cela en ESCR, il nous est apparu important de tenir compte de la fragilité de nos accompagnateurs prêtres, vieillissant,  pour nos prochains week-end régionaux : en inscrivant la participation à une messe paroissiale durant le week-end ou bien en repérant des horaires de messe du dimanche soir et en calant l’heure de fin du week-end régional pour permettre à chacun d’y participer, ou bien en repérant des congrégations religieuses qui ont leur eucharistie tôt le dimanche matin pour enchaîner ensuite avec le programme prévu… Les idées ne manquent pas. Il faut simplement ne pas être pris dans l’urgence pour les recenser et très important, informer à l’avance l’ensemble des compagnons.

Notre célébration a été simple et digne. Dieu nous a parlé par sa Parole, priée durant le week-end et proclamée à tous, Jésus s’est donné à nous dans l’Evangile de ce deuxième dimanche de Carême, La Transfiguration. Puisse-t-elle nous apporter la lumière pour accueillir l’inattendu de nos vies et dissiper le péché qui les revêt d’un voile de grisaille.

Marc, Assistant de la Communauté Régionale des Pays de l’Adour, juin 2017